
Quel vin blanc pour les fêtes ? Le Pacherenc du Vic-Bilh, l’une des pépites du Sud-Ouest !

Au pied des Pyrénées, il est l’un des rares vignobles de France à avoir encore du raisin sur pied à cette époque de l’année. Petite pépite du Sud-Ouest, l’appellation Pacherenc du Vic-Bilh est unique à bien des titres. Rencontre avec des vins blancs typiques et originaux à l’approche des fêtes.
Si vous n’aviez jamais entendu parler de Pacherenc du Vic-Bilh (Pacherenc vient de la contraction d’une expression béarnaise Pachets en renc
qui signifie piquets en rang, et Vic-Bilh signifie le vieux pays
), c’est le moment de prêter un œil (ou deux !) attentif à ce qui va suivre.

Cette toute petite appellation confidentielle de 300 hectares trouve sa source dans le piémont pyrénéen, à la jonction de trois départements : le Gers, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques. Elle se situe sur la même aire d’appellation que Madiran, à la notoriété plus affirmée. S’ils sont intimement liés, fruit d’une histoire commune, ils sont très différents : d’abord parce que le premier ne produit que du vin blanc, et le second uniquement du vin rouge, mais pas seulement… Le Pacherenc du Vic-Bilh est un vin de récoltes tardives, qui séduit avant tout par sa fraîcheur et les bienfaits de son passerillage (méthode viticole qui consiste à laisser le raisin sur pied afin qu’il se dessèche partiellement et naturellement au soleil. On augmente ainsi la concentration en sucre, acides et arômes), explique Loïc Dubourdieu, œnologue et maître de chai à la cave coopérative de Crouseilles. Les vendanges se déroulent par tries successives manuelles. Après deux récoltes, fin octobre et mi-novembre, les grandes cuvées sont ramassées au cours d’une troisième trie, fortement passerillée, dans le courant du mois de décembre.
Ici les conditions sont idéales pour une concentration lente : un climat océanique, des printemps pluvieux, des étés chauds et généralement de la chaleur et de la sécheresse en arrière-saison accompagnés d’un vent du sud salvateur.

Une appellation dynamique et collective
Le Pacherenc du Vic-Bilh exige un terroir très particulier, un savoir-faire rigoureux sur ses cépages endémiques. Il y a bien sûr les Manseng, Petit et Gros (qui représentent 70% de la superficie plantaire), qui ont cette capacité à se charger en sucre, en acidité, en arôme et à perdre en eau avec le passerillage, développe Loïc Dubourdieu qui est aussi vigneron sur une exploitation de 11 ha. On compte aussi Le Petit Courbu qui apporte complexité et gras en bouche, et enfin l’Arrufiac, riche en polyphénol, mais qui est en voie de disparition.."
Vignoble quasiment disparu au début des années 1970, le renouveau du Pacherenc, comme celui de Madiran, s'est constitué autour d'une génération de vignerons indépendants, motivés, et de deux locomotives coopératives, Crouseilles et Plaimont.
Aujourd’hui, la coopération, qui a enclenché la conversion en HVE3 pour tous ses adhérents d’ici à deux ans, rivalise d’imagination pour mettre en lumière ses vins.
En 1991, après une gelée précoce et un pari risqué, les vignerons de Plaimont et de Crouseilles décident de cueillir les dernières grappes fin décembre. La dégustation qui s’ensuivit étonna par sa grande qualité : le Pacherenc de la Saint Sylvestre était né.

Depuis, Plaimont Producteurs et la Cave de Crouseilles perpétuent cette tradition dans toute la zone d’appellation lors d’un événement grand public pour fêter la nouvelle année de façon originale. « Il en ressort un vrai nectar aux arômes de miel, d’épices et de fruits exotiques, précise Loïc Dubourdieu. Cette cuvée confidentielle (environ 3000 bouteilles) est l’illustration d’une belle mobilisation d’un collectif de vignerons qui se démènent pour donner naissance à un vin rare. Cette année, les vendanges de la Saint Sylvestre ne seront, exceptionnellement, pas ouvertes au grand public.

Les Pacherenc d’Or et les vins secs à l’honneur
Autre événement phare de l’appellation : Les Pacherenc d'Or. Créé en 2002 et réservé aux professionnels, il permet de révéler l'originalité et l'excellence des vins blancs du cru. Le projet est inédit dans les grandes appellations de vendanges tardives car il permet aux habituels coopérateurs d’élaborer individuellement des barriques de Pacherenc. On propose à chaque vigneron qui joue le jeu de presser à part de 800 kg à une tonne de leurs vendanges. Il en ressort en général une à deux barriques par tête, détaille l’œnologue du cru. Les lauréates sont ensuite vendues aux enchères.
Des professionnels du monde entier se déplacent pour cette prestigieuse vente dont les fonds sont reversés à une association de défense du patrimoine local.

Si les vins doux ont connu leur heure de gloire, ils se vendent moins bien aujourd'hui. C’est pourquoi les blancs secs sont devenus le fer de lance de la reconquête d’un marché. La plupart des vignerons du coin ne vous le diront pas, mais le Pacherenc sec était autrefois une sorte de reflux de ce qu’on ne voulait pas mettre en doux. Aujourd’hui, la donne a changé face aux habitudes des consommateurs. Il a fallu s’adapter à la décroissance de l’attrait pour le sucre et modifier la façon de conduire nos vignes
, reconnaît Loïc Dubourdieu. Le Pacherenc du Vic-Bilh sec, issu des collines donnant à l’ouest, est un vin vif, surprenant, parfumé qui se caractérise par sa fraîcheur et ses notes fruitées. Doux ou sec, la pépite du Sud-Ouest a des atouts à faire valoir sur les tables de fêtes. C'est le moment de se laisser tenter.
Bon à savoir : s’il est écrit seulement Pacherenc du Vic-Bilh sur l’étiquette, c’est forcément un doux. Lorsque c’est un sec, c’est toujours précisé !
Crédit photos : @Madiran Pacherenc du Vic Bilh
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