Rencontre avec la vigneronne qui a séduit le Roi d'Angleterre Charles avec son vin

Rencontre avec la vigneronne qui a séduit le Roi d'Angleterre Charles avec son vin

Publicité

Avec une appellation Lussac-Saint-Emilion, le château Saint-Ferdinand prône un fort engagement environnemental et fait le plein de nombreux projets. Noémie Tanneau, vigneronne, nous ouvre les portes de sa propriété et nous explique comment elle cultive la passion de ce beau et difficile métier.

Lydie Bordenave : Comment t’es venue cette envie de reconversion et pourquoi dans ce domaine ?

Noémie Tanneau : Je suis devenue vigneronne avant tout par mon envie d'être proche de la nature et pour la fascination que j'avais du monde paysan. Je ne viens pas d'une famille de vignerons ni d'agriculteurs et mon parcours n'était pas prédestiné.

Noémie Tanneau, vigneronne en Lussac-Saint-Emilion - Crédit photo : Guillaume Bonnaud
Noémie Tanneau, vigneronne en Lussac-Saint-Emilion - Crédit photo : Guillaume Bonnaud

LB : Quel a été ton parcours ?

NT : J'ai commencé ma carrière en étant travailleur social pendant 3 ans auprès de jeunes en insertion puis j'ai repris mes études à 24 ans : un BTS en viticulture œnologie et un diplôme d'ingénieur agronome, les deux en alternance dans un château en AOC Pessac-Léognan.

Après mes études j'ai travaillé 3 ans dans une cave coopérative où j'ai rencontré l'ancienne vigneronne du Château Saint-Ferdinand, qui souhaitait prendre sa retraite et transmettre son vignoble. C'est comme ça que l'histoire a démarré !

LB : Quelle est la chose la plus agréable dans ton métier de vigneronne ?

NT : J'apprécie mon indépendance et la polyvalence de mon métier. Aucun jour ne se ressemble ! J'apprécie grandement aussi les nombreuses rencontres que je fais. Comme je vends en vente directe en majorité, je sympathise avec beaucoup de mes clients. J'aime voir la nature s'éveiller au printemps et changer de couleur à l'automne. J'aime aussi avoir les sens en alerte : le goût, l'odorat, la vue ! Et bien-sûr la satisfaction de voir l'aboutissement du travail de mon équipe : le raisin transformé en bon vin !

LB : Et la plus grande difficulté ?

NT : La passion rend facile beaucoup de chose et permet d'accepter le travail. Le plus difficile pour moi est la pression financière dans un contexte viticole actuel très tendu.

Lydie : Qu’est-ce que tu ne changerais pour rien au monde dans ton métier de vigneronne ?

NT : Ma liberté d'entreprendre et de créer ! C'est la plus grande chance que j'ai !

LB : Qu’est-ce que tu aimerais voir changer ?

NT : Le regard des gens sur les vins de Bordeaux. Beaucoup imagine encore des vins trop boisés, trop chers, des très grands châteaux. Nous sommes beaucoup de petits vignerons et nous proposons une large gamme de vins : blancs, rosés, rouges légers ou structurés, des bulles ! C'est le cas notamment avec ma cuvée "Thank You Charles", un vin rouge ultra léger en l'honneur du Roi d'Angleterre qui a dégusté mon vin en septembre 2023 lors de sa venue à Bordeaux !

J'aimerai aussi que la consommation et les politiques publiques soient encore plus ciblées sur l'agriculture biologique, car pour moi c'est l'avenir de la filière. Ici nous réalisons un travail incroyable en faveur de la biodiversité, de la préservation des sols, dans le respect de l'environnement. Et c'est vraiment difficile de le valoriser !

Les années où le climat n'est pas favorable, nous faisons 15hl/ha quand les vignerons en conventionnel en font 50 ! Il est très difficile pour nous de valoriser le vin à la hauteur du risque que l'on prend pour le produire de cette manière. Pourtant les attentes sociétales sont fortes concernant la viticulture biologique, mais la consommation ne suit pas !

LB : Comment vis-tu la transformation de ton métier avec les changements climatiques et le besoin d'engagement environnemental ?

NT : On suit ça de très près ! Et nous le constatons par la force des choses ! En 5 ans de métier, j'ai vécu 3 millésimes avec des aléas climatiques qui ont sûrement impactés mes récoltes. On le constate et on s'engage pour changer les choses à notre niveau. Ces changements creusent des fossés économiques et des points de vue divergents entre les exploitations viticoles. Il faut des reins solides pour tenir ces engagements environnementaux ! Ce n'est pas notre cas, nous sommes une jeune entreprise. Alors, on s'accroche ! Et nos motivations nous donnent beaucoup de courage.

Cette année nous avons réalisé un projet de création d'une parcelle de vin blanc : 12 cépages blancs dont des 3 résistants aux mildious pour observer quels cépages s'adapteront le mieux à notre sol, à notre climat, et à nos pratiques.

Nous avons planté autour et à l'intérieur de cette parcelle 450 arbres (haies, arbres fruitiers et petits fruits (cassis et Groseilles). Ce projet a été financé par un financement participatif (des particuliers, des entreprises dont Toutlevin & PLUS par le biais des sondages qui soutiennent une action environnementale) et par l'État dans le cadre de la planification écologique.

Pour Noémie, le métier de vigneronne est une vocation - Crédit photo : Louise Marinig
Pour Noémie, le métier de vigneronne est une vocation - Crédit photo : Louise Marinig

LB : Quels sont tes projets ?

NT : Nous aimerions mettre des animaux dans les vignes : nous pensons à des poules mais nous étudions aussi d'autres animaux (moutons, cochons, vaches).

J'aimerais développer davantage l'œnotourisme. Nous avons installé un parcours La Bulle Verte : nos clients peuvent se promener pendant 1h en immersion dans le vignoble, guidés et à leur rythme avec une dégustation à la fin (vin ou jus) pour seulement 12€ par personne. C'est un concept qui mêle nouvelle technologie et nature !

LB : Quel a été l’impact de ta rencontre avec le roi Charles ?

Cette dégustation a donné un très beau coup de projecteur sur notre château et nous a donné beaucoup de courage. Voir son vin dégusté par un Roi au bout de seulement 3 ans d'activité c'est une très belle reconnaissance. Par contre cela a été un succès franco-français : peu d'anglais s'y sont intéressés. Mais cela nous a ouvert de belles portes, notamment des restaurants étoilés. Et nous avons créé des liens avec des clients très fidèles. Enfin cela nous a donné la visibilité pour nous aider aujourd'hui à mettre en œuvre nos projets environnementaux.

Vous pouvez retrouver les vins du château Saint-Ferdinand sur leur boutique en ligne !

Lire aussi notre contenu La famille royale d’Angleterre : vin, Gin, whisky et bière à Buckingham palace pour tout savoir sur leurs boissons préférées.

Et pour encore plus de rencontres inspirantes avec des vigneronnes et vignerons passionnés, lisez notre rubrique dédiée aux rencontres !

Publié , par

Vous aimerez peut-être


Nos derniers articles

Tout afficher