Le vignoble de Bretagne écrit une nouvelle page de son Histoire

Depuis quelques années, la vigne fait son grand retour dans la région administrative bretonne. Dans le contexte du réchauffement climatique, sa culture est portée par des vignerons soucieux de préserver leur environnement et de produire des cuvées teintées de fraîcheur et de salinité.

Si le vignoble breton, tel que son découpage administratif le présente aujourd’hui avec ses 4 départements : Côtes d’Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan, a connu son apogée à la fin du XIX^ème siècle, il a ensuite été décimé par la crise du phylloxéra puis interdit à la plantation jusqu’en 2016. Depuis, quelques vignerons se retroussent les manches pour renouer avec la production de vin bretonne avec, à l’horizon, un projet de création d’une Indication Géographique Protégée (IGP) Vins de Bretagne.

La Bretagne, un vignoble qui se (re)structure

Sur la commune de Saint-Jouan-des-Guérets, en Ille-et-Vilaine, 4 hectares de vignes, plantés en 2019 et 2022, se déploient en bords de Rance. Créé en 2019 par la famille Cazals, le domaine Les Longues Vignes a planté du chardonnay, du pinot noir et du grolleau sur la partie supérieure de son coteau exposé au sud, et du frühburgunder, du pinot meunier, du pinot blanc, du portugais bleu et du chardonnay au bas. Des vins effervescents, rouges et blancs, sont vinifiés dans le chai situé à quelques battements d’ailes de la propriété.

Ce domaine est l’un des 7 vignobles bretons à commercialiser ses vins depuis 2022. Créée en 2021, l’Association des Vignerons Bretons (AVB) regroupe désormais 50 vignerons professionnels qui cultivent 230 hectares et ont à cœur de promouvoir leur production. Notre nombre ne va cesser d’enfler, car il y a eu une grande campagne de plantation et l’année prochaine nous serons déjà 15 vignerons à récolter, explique Loïc Fourure, co-président de l’association et vigneron au domaine de la Vigne et l’Abeille, aux portes de la presqu’île de Rhuys dans le Morbihan.

Les défis d’une viticulture bretonne en pleine renaissance

Si la vigne réapparaît doucement dans le paysage breton, elle n’est pas inconnue de ses terroirs graniteux et schisteux aux profils contrastés : des granites décomposés le long des côtes, durs dans les terres, et des schistes ardoisés au centre. En effet, l’histoire viticole de la région remonte à l’époque gallo-romaine. Elle s’est ensuite développée au Moyen-Âge sous l’impulsion des ecclésiastiques pour atteindre son apogée à la veille de crise du phylloxéra. Face à l’essor des autres régions viticoles, la vigne a ensuite disparu des 4 départements de la région, au profit des plantations vivrières et des pommiers.

Depuis 2016, la libéralisation des droits de plantation en Europe, a permis aux vignerons désireux de se lancer dans l’aventure bretonne, de s’installer. L’Association pour la Reconnaissance des Vins Bretons (ARVB), qui fédère professionnels et passionnés, s’emploie également à valoriser la production bretonne et à souligner les défis qui s’imposent à elle.

Dans un contexte de réchauffement climatique qui rend favorable la culture de la vigne dans des régions plus septentrionales de l’Hexagone, son implantation s’inscrit sur un temps long : de la plantation à la récolte des premières grappes, jusqu’à la commercialisation des vins. Si les cuvées des 4 départements sont, pour le moment, estampillées Vins de France, le sujet de l’IGP Vins de Bretagne, avec une orientation bio, est sur la table. Et cela bien qu’il soit au cœur de tensions avec le département de la Loire-Atlantique, aux racines historiquement bretonnes. Un territoire qui comprend un vignoble de 9500 hectares et un Syndicat des Vignerons de Bretagne qui porte également ce projet d’IGP.

Quelle que soit l’issue du dossier et la composition finale de l’IGP, ce nouvel élan de la viticulture bretonne laisse entrevoir la possibilité de vins d’un nouveau genre, avec un profil salin comme dénominateur commun pour les vins blancs et des taux d’alcool modérés, en phase avec les attentes des consommateurs de vins d’aujourd’hui et de demain.

Crédits photos : Baptiste Mourcel

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