Le Grolleau, la nouvelle vague des vins d'Anjou
Un vent de modernité souffle sur les vins d’Anjou. Face aux nouvelles attentes des consommateurs et aux enjeux du changement climatique, les vigneronnes et vignerons angevins mettent le cap sur un cépage endémique, le Grolleau. Pourquoi cette variété est-elle adaptée à ces nouvelles problématiques ? Que peut-elle apporter à la typicité de l’appellation ? Comment le Grolleau peut-il être réinventé ?
Le Grolleau, un cépage historique de la Vallée de la Loire
Amis patriotes, vous serez ravis d’apprendre que le Grolleau est un cépage exclusivement français. Il fut signalé en 1810 en Charente, mais c’est dans le Val de Loire, plus précisément en Anjou Saumur, qu’il a dégoté ses terroirs de prédilection.
L’appellation regroupe 83% du Grolleau du Val de Loire. Avec environ 2 000 ha, soit environ 8%, c’est le 3ème cépage le plus planté. 79 % des surfaces sont plantées en Grolleau Noir et 21 % en Grolleau Gris.
Même si notre cher Grolleau se décline aussi en gris, pour l’élaboration de rosés, nous allons porter notre attention sur le Grolleau Noir.
Le Grolleau, une réponse face au changement climatique
Le Grolleau est un cépage précoce, qui mûrit rapidement, c’est-à-dire qu’il atteint sa maturité phénolique optimale en accumulant peu de sucres. Ses raisins sont à point sans que leurs degrés d’alcool potentiels ne s’envolent, un atout certain dans un contexte de réchauffement climatique.
En cas de gelée de printemps, détruisant les inflorescences primaires, ses rameaux secondaires présentent une bonne capacité fructifère permettant ainsi de limiter les dégâts.
De plus, lors de printemps capricieux en termes de pluviométrie, ce cépage autochtone est relativement résistant au redoutable mildiou.
Le Grolleau, la clé pour obtenir des rouges frais
Le Grolleau est naturellement moins riche en anthocyanes et en tanins que ses 2 compères du coin le Cabernet Franc et le Cabernet Sauvignon.
Comme nous l’avons vu précédemment, et notamment en cas de fortes températures, ses raisins atteignent leur maturité en étant moins chargés en sucre.
Le Grolleau est ainsi le cépage idéal pour obtenir des vins rouges frais, souples, fruités, peu alcooleux, répondant parfaitement aux tendances vins de la rentrée 2024.
Le Grolleau, une nouvelle interprétation des vins d’Anjou
Le cahier des charges de l’AOP Anjou rouge autorise 4 cépages : 2 cépages principaux, le Cabernet Franc et le Cabernet Sauvignon, et 2 cépages accessoires, le Grolleau et le Pineau d’Aunis.
Depuis 2022, et après maintes discussions, il a évolué en augmentant la part autorisée de Grolleau, qui est passée de 10% à 20%. Concomitant à cela, ses surfaces plantées ne cessent de grimper.
Les responsables de l’appellation ont compris qu’il fallait faire évoluer les vins rouges vers une meilleure buvabilité, des cuvées à consommer avec plaisir dès leur plus jeune âge, qui se débouchent facilement lors d’un apéritif dînatoire ou d’une soirée entre amis.
En assemblage avec les Cabernets, 2 variétés donnant des vins plus puissants, le Grolleau apporte de jolies notes d’épices douces, de poivre, de fruits rouges et noirs. Il arrondit les tanins, avec élégance et souplesse.
Les clones du Grolleau
L’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) travaille actuellement sur l’homologation de nouveaux clones de Grolleau, moins productifs, s’adaptant à la réalisation de vins rouges.
Nous avons eu l’occasion de déguster 3 d’entre eux, les clones E87 (CI1318), E116 (CI1341) et E105 (CI1343), issus du millésime 2023, je peux vous assurer que le pari est réussi. Avec une mention spéciale pour le E87 (CI1318), qui exprime un nez complexe, à la fois fruité et épicé, une bouche harmonieuse, avec de la rondeur et une jolie fraîcheur.
Son pourcentage maximum autorisé pourrait même passer de 20 à 30% avec l’arrivée de ces petits nouveaux.
Avec le Grolleau, les vins d’Anjou vont toucher le gros lot !
Peaufinez vos connaissances avec Toutlevin !