La légende des cépages maudits

La légende des cépages maudits

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Saviez-vous que certaines variétés de raisins ont été interdites en France ? Elles étaient soupçonnées de rendre fou ou aveugle ! Retour sur la légende des cépages maudits...

Lorsque les vignerons décident de planter une nouvelle parcelle de vigne, ils doivent piocher dans la liste des cépages inscrits au Catalogue officiel des variétés de vigne (pour en savoir plus, lisez notre article : Plantation de la vigne, comment choisir un cépage ?).

Ces inscriptions se font par arrêté du Ministère chargé de l'agriculture, suite à l'avis d'expert du comité technique et cette liste est évolutive. De nouvelles variétés peuvent donc être autorisées, mais d'autres peuvent aussi être subitement interdites.

L'origine de la légende des cépages maudits

L'histoire remonte à la loi du 24 décembre 1934, interdisant de vendre sur le marché intérieur, ainsi que d'acheter, de transporter ou de planter les cépages énumérés ci-après : Noah, Othello, Isabelle, Jacquez, Clinton, Herbemont. Les raisons évoquées étaient qualitatives et sanitaires. Certains d'entre eux exprimaient des arômes détestables, des notes foxées ou odeurs de renard. D'autres étaient jugés dangereux pour la santé. Lors de sa fermentation alcoolique, le cépage Noah génère du méthanol, qui serait toxique à forte dose pour le nerf optique. Le Jacquez et le Clinton rendraient leurs consommateurs fous. Ne serait-ce pas plutôt l'abus d'alcool tout court qui est dangereux pour la santé ?

L'enjeu du contexte économique

Quand on creuse un peu le sujet, il apparaît que le contexte économique de l'époque a largement joué dans cette décision.
Retournons à la période de l'entre-deux-guerres. Après la pénurie de vin suite aux ravages du phylloxéra, la France subit une grave crise viticole due à une surproduction sans précédent. Les cours s'écroulent. Il faut alors trouver un moyen de limiter les quantités. Les 6 cépages qui vont être retirés appartiennent tous à une catégorie de vignes hydrides ou plants américains. C'est-à-dire des plantes issues de croisements avec des variétés importées des Etats-Unis qui ont le mérite d'être résistantes (ou tolérantes) aux maladies (phylloxéra, oïdium, mildiou) mais qui sont très productives. En interdisant leur exploitation, les autorités ont ainsi souhaité résoudre en partie les problèmes de surproduction. Une décision bien plus politique que de santé publique !

Et aujourd'hui ?

Depuis, la situation a bienheureusement changé. Les cépages hybrides font partie de l'histoire et du patrimoine des vignobles français. De plus, leurs tolérances aux champignons phytopathogènes représentent un atout incontestable dans un contexte de limitation des intrants. Ne serait-ce pas le moment de remettre ces maudits sur le tapis ?
C'est justement ce que souhaitent les adhérents de l'association cévenole Fruits Oubliés qui militent pour leur réhabilitation officielle. Parce que, figurez-vous, il existe encore quelques vignes plantées de Clinton ou d'Isabelle, bien qu'il soit interdit de vendre le vin produit. Ces techniques d'hybridation sont utilisées de nos jours par les chercheurs de l'INRA et de l'IFV afin de créer des cépages résistants. 20 cépages hybrides de nouvelle génération sont actuellement inscrits au classement français des variétés de vigne à raisin de cuve. Cela ne révolutionnerait certainement pas la face du monde agricole, mais cela permettrait de rattraper une erreur viticole !

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