
Êtes-vous prêts à décoiffer vos bouteilles de vin ?

Que signifie décoiffer les bouteilles de vin ? Pourquoi cela est-il maintenant possible ? Pourquoi les vigneronnes et vignerons souhaitent se passer des capsules de surbouchage ? Les consommateurs sont-ils prêts à accepter cette nouvelle tendance ?
Que signifie décoiffer les bouteilles de vin ?
La mise en bouteilles est la dernière étape décisive avant que votre cuvée préférée se retrouve sur vos tables. Elle s’effectue en 4 étapes : la préparation des vins, le tirage, le bouchage et l’habillage.
Si les 3 premières opérations sont cruciales afin d’assurer la qualité du vin, la toute dernière, l’habillage, est une question de présentation. Il s’agit de poser les étiquettes, contre-étiquettes et capsules.
Une bouteille décoiffée sera tout simplement exemptée de sa capsule de surbouchage.
Une réglementation qui a évolué
En effet, depuis le 1er juin 2019, la Marianne
, ou CRD (Capsule Représentative des Droits), apposée sur le haut des capsules n’est plus obligatoire.
Cette réglementation, mise en place en France en 1960, avait pour but d’éviter les fraudes sur le vin. Elle permettait aux douanes de contrôler les quantités, l’origine, la circulation des marchandises, la traçabilité, en s’acquittant du paiement de droits d’accises.
Une évolution chaudement saluée par les professionnels de la filière, condamnés jusqu’alors à avoir deux types de capsules, impliquant parfois deux lignes d’embouteillages différentes, selon que leurs vins étaient destinés au marché français ou à l’export.
Une simplification nécessaire pour une profession qui croule sous les démarches administratives, même si un document d’accompagnement doit toujours être émis afin de vendre aux professionnels.
L'inflation n’a malheureusement pas épargné les vignerons
Les capsules sont, en grande majorité, composées d’aluminium. Une matière qui a un coût, et dont les prix ont flambé ces 4 dernières années.
A titre d’exemple, pour une capsule aluminium personnalisée, il fallait compter 125€ HT/1000 en 2019, contre 197€ HT/1000 en 2023. Soit une augmentation plus que significative de 57,6%.
De plus, les délais d’approvisionnement se sont envolés. Il faut prévoir 6 mois environ entre la date de commande et de livraison.
Certains domaines ont ainsi opté pour des capsules beaucoup moins onéreuses en plastique thermorétractable. A contrario, d’autres jouent dans la cour des grands en utilisant des capsules en étain pour leurs cuvées haut de gamme.
Parce que la démarche écologique concerne aussi l’habillage
Bouteilles en verre léger
pour limiter l’empreinte carbone, bouteilles en papier cartonné recyclé, bouteilles consignées, étiquettes en papier recyclé, colle hydrosoluble, l’agroécologie concerne aujourd’hui aussi l’habillage des vins.
Dans ce contexte, l’utilisation de capsules aluminium de surbouchage, dont le bilan carbone est peu reluisant, est remise en question. Le tonitruant négociant rhodanien Michel Chapoutier vient de lancer un vin rouge décoiffé. Une cuvée Rouge clair
coiffée d’une simple bandelette papier autocollante.
Le vigneron champenois Alexandre Lamblot faisait la même démarche il y a seulement quelques mois. Un bandeau papier recouvrait partiellement le muselet de ses bouteilles. Mais c’était avant que l'AOC Champagne et l'interprofession champenoise rendent la capsule obligatoire dans le cahier des charges de l’appellation. Un élément jugé indispensable afin d’identifier le produit, de garantir son authenticité et de maintenir son prestige.
Les consommateurs sont-ils prêts à acheter des bouteilles décoiffées ?
L'habit ne fait pas le moine, mais il ouvre les portes du monastère
. La présentation d’une bouteille de vin joue un rôle essentiel dans le déclenchement de l’acte d’achat.
L’analyse sensorielle a une part de subjectivité. Qui n’a pas déjà été influencé, positivement ou négativement, par un habillage bien léché ou trop désuet ? Celui-ci participe incontestablement au positionnement qualitatif, et au prix d’une cuvée.
Si certains domaines à forte notoriété, situés dans des vignobles de niche, ou incarnés par une forte personnalité vigneronne, peuvent se passer de cet outil marketing, il n’en est pas de même pour la grande majorité des intéressés.
De plus en plus d’exploitations s’orientent vers le surbouchage en cire. Une solution certes qualitative, fort esthétique, de plus en plus écologique avec le développement de cires plus naturelles, qui reste cependant limitée aux cuvées prestiges du fait de son automatisation difficile.
Entre envie d’authenticité et vulnérabilité des wine lovers
, conscience écologique et besoin d’esthétique, les consommateurs sont-ils prêts à décoiffer leurs bouteilles de vin ? Là est la question...
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