
Château la Peyruche : une reconversion père et fils réussie dans le vignoble bordelais

C’est une histoire de néo-vignerons comme en compte de plus en plus le vignoble bordelais. Celle qui s’écrit depuis 2017 au château La Peyruche, sur les coteaux de la commune de Langoiran dominant la vallée de la Garonne, sous la plume de la famille Weisgerber. Page après page, millésime après millésime, Bertrand Weisgerber et son fils Charles façonnent avec patience, passion et respect la nouvelle identité de ce domaine historique de l’Entre-deux-mers, producteur de vins rouges et blancs, labellisé en agriculture biologique depuis 2021. Découverte.

Château La Peyruche : coup de foudre viticole
Après avoir tous les deux beaucoup travaillé dans le domaine de l’immatériel, Charles en tant qu’ingénieur-conseil en stratégie et organisation à Paris, et moi en Californie puis à la tête d’une entreprise d’informatique au service de la filière vin à Bordeaux, nous avions l’envie de revenir vers des choses durables et palpables, explique Bertrand Weisgerber. La viticulture répondait à notre quête de sens et à nos aspirations d’une vie plus saine et proche de la nature.
Leur perle rare, choisie pour sa nature foisonnante et son beau potentiel viticole par préférence à une quinzaine d’autres vignobles de Bordeaux, des Alpilles, des Coteaux d’Aix ou même de l’Oregon, s’appelle château La Peyruche. Tel un bijou dans son écrin, ce domaine se dévoile à l’issue d’un chemin forestier sillonnant entre les arbres, avec sa bâtisse viticole en pierres blondes du XVIème siècle et son vignoble d’un seul tenant, abrités au cœur d’un environnement préservé.

Une renaissance guidée par la biodiversité
Nous avons visité des vignobles où les vins étaient déjà bien valorisés, racontent le père et le fils, mais c’était important pour nous de partir d’une feuille blanche pour créer notre marque.
Dans l’écriture de leur roman viticole, dès le départ, la ligne de conduite est claire : la renaissance sera menée selon le bon sens paysan, en valorisant la diversité naturelle du domaine.
Après d’indispensables travaux de modernisation de l’outil technique, les propriétaires orchestrent, main dans la main avec le maître de chai David Sarry, une réflexion d’ensemble sur le terroir et les méthodes culturales. Inspirés par le passé en polyculture du domaine (fruits, légumes, viande bovine, vin…), ils remettent à l’honneur cette approche, en prenant le plus grand soin de la biodiversité, qu’ils s’emploient sans cesse à accroître. Le vignoble de 20 hectares, converti à l’agriculture biologique, est intégré dans un écosystème plus large de 50 hectares d’un seul tenant. Outre les forêts cerclant le vignoble, les exploitants ont replanté pas moins de 700 arbres et arbustes en haies protectrices, ainsi que des cultures diversifiées (fourragères, céréalières, maraîchères, mellifères, pâturages), pour certaines entre les rangs de vignes.
En plus de contribuer à la structuration et la bonne santé des sols selon la pratique de l’agriculture régénérative, ces végétaux permettent de subvenir aux besoins en gîte et couvert des animaux, abeilles, chauves-souris, mais aussi vaches et moutons, autant d’alliés précieux pour un équilibre naturel. Pour la plus grande fierté de ses propriétaires, le château La Peyruche a même été choisi comme domaine viticole pilote pour le projet Everyone Counts
, à travers l’installation de capteurs pour mesurer, monitorer et reporter des données de biodiversité des sols, de la faune et de la flore. Et sur cette voie responsable, nous ne ferons jamais machine arrière, assure Charles Weisgerber, c’est l’éclate !
Mieux, ils comptent bien continuer sur le chemin de l’avancée agroécologique, notamment en passant à la biodynamie sous label Demeter en 2025 ou 2026.

Des terroirs pluriels dans ce domaine de la Peyruche
Derrière l’apparente unité géographique des lieux, se cache en réalité une grande diversité de terroirs, entre des altitudes, orientations variées, et une mosaïque de sols (argileux, calcaires, ces derniers ayant d’ailleurs donné son nom au domaine, La Peyre Ruche
signifiant pierre rugueuse
en Gascon, et graveleux). Dans un minutieux travail parcellaire, nous avons réadapté les cépages aux terroirs qui leur convenaient le mieux
, explique Charles Weisgerber. Aujourd’hui, les vins rouges merlot (historiquement et toujours dominant), cabernets sauvignon et franc, cohabitent avec les vins blancs sauvignon blanc et sémillon, adjoints de sauvignon gris et colombard.

Les méthodes de culture se veulent traditionnelles et respectueuses de l’environnement (traitements bio, piquets en acacia, coton bio, raphia naturel, afin de bannir le plastique dans les vignes). Sublimées par des vinifications de plus en plus naturelles et précises, ainsi que par des élevages dans différents contenants (une trentaine de cuves thermorégulées de différentes tailles, une soixantaine de barriques de chêne français et 4 amphores), elles donnent naissance à une pluralité de vins identitaires expressifs et authentiques, caractérisés par la finesse et la fraîcheur
, en 3 couleurs.

Une belle palette de cuvées identitaires
Actuellement, la gamme du domaine se compose de 7 vins rouges, entre classiques et micro-cuvées monocépages issues de recherches, travaux et expérimentations en termes de techniques culturales, vinifications et élevages en amphores, et 2 vins blancs, un sec et un liquoreux. Parmi les nouveautés pour cette année, les vignerons comptent sortir la première quinzaine d'avril un pétillant naturel 100% sémillon, puis cet été une cuvée 100% cabernet franc en amphore, créée en levures indigènes, comme tous nos vins en 2024
et sans sulfites, une tuerie
annonce Charles Weisgerber. Avec cet élargissement de gamme, l’identité visuelle va également être revisitée.

Les cuvées classiques rouges
Château La Peyruche – Tradition (9 €)
Cette cuvée 100 % merlot, issue de parcelles aux sols de graves rouges et argilo-calcaires, est élevée en cuves pour un rendu fruité et souple. Au nez, se révèlent des arômes de cassis et de mûre relevés de notes épicées. En bouche, les tanins sont souples et la finale tout en rondeur. Selon la saison et l’humeur, ce vin peut être servi relativement frais, autour de 12°C. Il accompagnera parfaitement vos plateaux de charcuteries et grillades.

Château La Peyruche – Fût de chêne (à partir de 10 €)
Sélection parcellaire, cette cuvée allie de vielles vignes de merlot (50 ans) sur un terroir argilo-calcaire mêlé de graves, et de vielles vignes de cabernet sauvignon (45 ans) sur un terroir argilo-calcaire. Les lots sont travaillés indépendamment jusqu'à l'assemblage final. Après un élevage de 12 à 14 mois, pour majeure partie en barriques et pour le reste en cuve, cette cuvée dévoile un bouquet aromatique complexe sur des notes de fruits rouges et d’épices. Des notes de torréfaction viennent enrober le milieu de bouche, frais et puissant, avec une finale tout en longueur. A servir à température ambiante de 16-18°C pour accompagner viandes rouges et plateaux de fromages.

Château La Peyruche – L'Enclos (à partir de 14 €)
Éditée à 6 500 bouteilles, cette cuvée 100 % merlot est issue d'une sélection des 2 parcelles L'Enclos et La Petite Grave. Sur L'Enclos, parcelle argilo-calcaire mêlée de graves, exposée plein sud, s'épanouissent des vielles vignes de merlot (60 ans), majoritaires dans l’assemblage. Sur les hauteurs de La Peyruche, La Petite Grave repose quant à elle sur une croupe de graves rouges, où des merlots plus jeunes (une quarantaine d'années) reflètent les plus belles expressions de ce cépage emblématique de la rive droite bordelaise. Là encore, ces 2 lots sont travaillés indépendamment jusqu'à l'assemblage final, réalisé après un élevage mené en barriques (neuves, d’un et 2 vins) entre 12 à 14 mois. Ce vin dévoile au premier nez des arômes de fruits rouges confiturés, puis des épices adjointes de notes de menthe. En bouche, le grain de tanins souple, soyeux, apporte une sensation de rondeur et douceur. Le caractère fruité n'est pas en reste, avec un boisé discret et élégant qui complète parfaitement les notes de fruits de cette cuvée. Un vin structuré et droit, avec une finale longue et épicée. A servir à température ambiante de 16-18°C, en accompagnement de viandes rouges et plateaux de fromages.

Château La Peyruche – Marnius (9,75 €)
Issue de 4 parcelles de merlot à dominante argilo-calcaire, la cuvée Marnius est vinifiée et élevée 9 mois en cuve pour apporter fruité et rondeur. Au nez, les arômes de cassis et mûre dominent. En bouche, la sucrosité à l'attaque apporte douceur et légèreté. Les tanins sont souples et procurent une finale tout en rondeur. Selon la saison et l’humeur, ce vin peut être servi relativement frais, autour de 12°C. Il accompagnera parfaitement les plateaux de charcuteries et grillades.

Les microcuvées monocépages rouges élevées en amphores
Nous avons eu l’envie de tester des contenants, avec des premiers essais en amphores en 2021, afin de vinifier isolément des parcelles de merlot et cabernet sauvignon, pour plus de précision dans les profils de nos vins
, explique Charles Weisgerber. Convaincus par ce contenant de 750 L, qui sublime le terroir et exprime au mieux les arômes
, les vignerons ont réalisé leurs premières mises en bouteille de ces cuvées sur le millésime 2021.
Château La Peyruche - 1603 - Cabernet Sauvignon (à partir de 23,50 €)
Cette micro-cuvée de 1000 bouteilles est issue d’une seule petite parcelle de cabernet sauvignon (Le Pin - partie Sud) de 30 ares, sur des argilo-calcaires mêlés de graves rouges, exposée plein sud. Le processus de fermentation est mené avec douceur et mesure, en cuve, pour préserver le caractère fruité et la structure souple du vin. Les moûts sont ensuite élevés durant un an en amphore pour révéler la pureté du caractère variétal. Les notes fruitées de myrtille dominent au nez, complétées de touches épicées, et la dégustation offre une expression typique des arômes variétaux du cabernet sauvignon, révélés par l’élevage en amphore. Le toucher de bouche, quant à lui, est caractéristique d'un élevage court et non-boisé, avec des tanins sages, mais très expressifs. A apprécier avec un magret de canard ou un carré d'agneau rôti.

Château La Peyruche - 1603 – Merlot (à partir de 23,50 €)
Cette micro-cuvée de 1000 bouteilles est issue d’une seule petite parcelle de merlot de 40 ares (Le Pin - partie Nord), sur des argilo-calcaires mêlés de graves rouges, exposée plein sud. La récolte, la vinification et l’élevage sont identiques à son homologue version cabernet sauvignon. Au nez, les notes de cerise noire se mêlent à celles de mûre. L’attaque est ronde et suave, équilibrée entre acidité et fraîcheur. A déguster avec des viandes blanches, rôties ou en sauce.

Château La Peyruche - 1603 - ♡ (19,50 €)
Sortie pour la première fois sur le millésime 2022 à 1500 bouteilles, cette micro-cuvée est issue d’une seule parcelle de jeunes merlots (Les Pins Francs) sur des calcaires à Astéries, exposée plein nord. Là encore, une fois la récolte effectuée, les phases d'encuvage et de fermentation (conduite en levures indigènes) sont réalisées en cuve inox à température modérée. Les opérations de remontage, aérées, sont douces, leur rythme dicté par la dégustation. Les moûts sont ensuite élevés en cuve durant cinq mois pour révéler la pureté du caractère variétal. Cette cuvée est créée sans ajout de sulfites en 2022, et avec seulement 1 mg/L en 2023 (adjoint lors de la mise en bouteille). Ce vin à la robe profonde avec des reflets violacés dévoile au nez des notes dominantes de cassis et myrtille. La bouche est fraîche et fruitée, les tanins de la jeunesse sont présents, amenant du relief à cette cuvée dédiée à la pureté du fruit. Selon la saison et l’humeur, ce vin peut être servi relativement frais, autour de 15°C, pour accompagner les plateaux de charcuteries et grillades.

Les cuvées blanches
Château La Peyruche – Garenne (12,50 €)
Ce vin blanc sec est issu de 4 parcelles, 2 de sauvignon blanc et 2 de sémillon récoltées indépendamment. Chacune apporte sa spécificité terroir et offre une palette d'arômes bien différents, pour un vin d'assemblage très équilibré. La Garenne est située sur le bas du coteau, bordée de bois, sur un sol d'argiles pures et fines. Un demi-hectare de sauvignon blanc y a pris racine il y a 6 ans, et ses arômes variétaux sont très expressifs. Son exposition permet de pousser les maturités chaque année. Le Four est plantée en sauvignons blancs de 50 ans d’âge, en bordure du verger et de l'allée de noyers, sur un terroir à dominante argileuse. Le Noyer Blanc comporte un hectare de sémillons plantés dans les années 60 sur un terroir argilo-calcaire mêlé de graves rouges. Enfin, sur un sol argilo-calcaire, Vivier Blanc compte 40 ares des plus jolis sémillons de la propriété, datant de 1932, originellement utilisés pour le Cadillac. Les sauvignons et sémillons effectuent leurs fermentations et élevages séparément jusqu'à l'assemblage final, pour une partie en barriques neuves sur lies totales, pour l'autre en cuve inox. Des bâtonnages sont régulièrement effectués pour préserver la pureté du fruit. A la clé, un vin aux arômes d'agrumes frais (pomelo, citron vert), et aux très délicates notes florales, complétées en bouche par un parfum de fruits à chair blanche apporté par le sémillon. La finale saline confère une jolie sapidité. Ce vin est vif et tendu, son acidité soutenue et bien équilibrée. A servir frais, entre 10 et 12°C, avec un poisson grillé ou en sauce, un plateau de fruits de mer, ou une volaille à la crème.

Château La Peyruche – Cadillac (18 €)
Cette micro-cuvée est issue d’une seule parcelle de 40 ares de très anciens sémillons, prénommée « Le Vivier Blanc
. Enracinés depuis 1932 sur le haut du coteau dans des argilo-calcaires mêlés de graves rouges, ces ceps bénéficient d'une multi-exposition. Selon la tradition des vins blancs liquoreux bordelais, cette parcelle est récoltée à la main en plusieurs passages, les raisins sélectionnés et triés en fonction de la présence de pourriture noble. Avec sa robe d’or intense, ce vin dévoile un nez complexe, sur des notes de fleurs d’acacia, de miel et de chèvrefeuille. La bouche est onctueuse et persistante. A boire frais (10 à 12°C) en l’apéritif, avec du foie gras ou, pour contraster un peu, avec du foie gras ou, pour contraster un peu, avec des fromages bleus. »

Crédits photos : Château La Peyruche
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