Belles Grappes° : la cave 100 % sans alcool

Il était temps que le marché des softs s’étoffe pour répondre à une demande grandissante : baisse de la conso d’alcool chez les jeunes, augmentation des seniors qui veulent garder la santé, minimisation des risques au volant, les boissons sans alcool ont de beaux jours devant elles. A tel point qu’Anne et Alexandre Kettaneh en ont fait une cave unique à Bordeaux : Belles Grappes°, la première cave qui propose vins, spiritueux et bières désalcoolisés.

Les passants s’arrêtent devant la vitrine, intrigués par ces présentoirs aux marqueurs connus : bouchons, bouteilles, packaging, tout a l’air de ressembler à une cave comme les autres, si ce n’est l’inscription géante qui prévient : 0% alcool, 100% plaisir. Alors ça donne envie d’en discuter. Comme ce restaurateur qui tient un italien et qui, passant au hasard, saisit l’opportunité : Depuis le début, avec ma femme qui était enceinte, on avait envie de proposer des alternatives à notre offre mais on aimerait quelqu’un qui puisse nous proposer une gamme. L’échange de cartes de visite immédiat montre combien la tendance est au goût du jour.

Anne Kettaneh a eu le nez creux en se lançant la première à Bordeaux : Je faisais une veille sur les tendance marketing et j’entendais parler du No low. Je me suis alors demandée si le sans alcool pouvait être une façon de remettre le vin dans le quotidien des français. Passionnée par le vin, après 20 ans dans le syndicalisme agricole (dans la production du maïs) à rencontrer les producteurs et à défendre le made in france, Anne voulait apporter son énergie au secteur viticole bordelais qui connaît un tournant notamment avec les négociations sur l’arrachage.

Un soir de réveillon, on lui propose de goûter un pétillant désalcoolisé : J’ai trouvé ça très sympa et nouveau. Mais y avait-il vraiment de quoi faire une gamme de produits qui tiennent la route ? Son intuition est confirmée ensuite par plusieurs dégustations dans un salon des vins : Beaucoup de mes proches m’ont dit que c’était une aberration mais je sais à quel point les agriculteurs peuvent s’adapter. J’ai découvert 8 vignerons bordelais qui avaient déjà pris le tournant.

La cave, située dans le centre commercial Saint-Christoly, est lumineuse, agréable et les références sont classées par le prisme des accords mets et vins : côté terre, côté mer et côté végétal. Pour ce dernier, Anne précise que cette sélection fonctionne aussi très bien avec les plats exotiques et la street food parfois durs à marier. D’ailleurs, elle a déjà pu identifier certaines harmonies qui fonctionnent très bien : Cela dépend bien de mon humeur et de la température mais le riesling sans alcool fonctionne très bien avec
la raclette, comme certains vins rosés s’accordent avec les sushis. Quant aux vins rouges, ils fonctionnent toujours avec des viandes mijotés mais ils peuvent paraître sévères. Il faut vraiment les boire en mangeant.

Certaines marques commencent déjà à être connue sur le marché comme Moderato ou JPNR qui ont su frapper fort avec une présence accrue sur les réseaux sociaux. Ces derniers sont d’ailleurs présents au magasin dans un rayon dédié aux cocktails tout comme la bière qui occupe aussi une place de choix !

Au rayon apéritifs, une sélection de vins pétillants rosés et blancs dont le design a été soigneusement étudié pour donner envie : tout en a la forme, la couleur, les étiquettes sont parfois très recherchées. A tel point qu’on pourrait s’y méprendre : J’ai déjà piégé mon père qui m’a redemandé du champagne rigole Anne. Et à la dégustation, on peut toujours choisir selon ses goûts en matière de cépages et de sucrosité (sec, fruité, fleuri).

Côté prix, il faudra ouvrir un peu plus votre porte-monnaie car le process de désalcoolisation est une étape de distillation qui est un temps et un coût en plus pour le vigneron. Ici les bouteilles vont de 8 jusqu’à 40 euros pour les domaines qui visent le haut de gamme comme Château La Coste. Mais les consommateurs sont-ils prêts à faire entrer ces achats dans leurs dépenses quotidiennes ?

C’est ce que le couple d’entrepreneurs a pressenti : Je suis convaincue que cela s’adresse à tout le monde reprend Anne, car il y a des moments ou on ne peut pas boire d’alcool : on doit prendre le volant, travailler l’après midi, perdre des kilos en trop etc. Selon moi, il y a 2 profils différents : l’amateur de vin qui veut faire une pause et se diversifier et le non buveur qui apprécie de découvrir de nouvelles choses.

Depuis la récente ouverture, la fréquentation semble aller bon train mais le plus grand défi sera, poursuit Anne : de faire comprendre les vins rouges sans alcool car la différence est encore plus criante que sur les autres produits. Il me faut expliquer que ce n’est pas un vin et que ce sera toujours différent et qu’il faut appréhender son verre en se disant : Est ce que j’aime ça ? Est ce que ça va bien avec ce que je suis en train de manger ? Et pas, est ce que c’est un bon vin sinon ça ne marche pas.

Pour l’avenir, le couple mise sur 3 axes de développement : la cave de centre ville, l’activité avec les restaurateurs et la vente d’animation en entreprise qui pourrait proposer de nouvelles visions du team building et des anniversaires.

Belles grappes

17 Rue du Père Louis Jabrun
33000 Bordeaux

Crédits photos : Maylis Détrie

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