Après la pluie, le vigneron rêve de vacances

Après la pluie, le vigneron rêve de vacances

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C’est vrai que nous les français, nous sommes des râleurs et les vignerons ne sont pas à la traîne 😀. Ce printemps 2024 leur donnerait-il raison ? On aime tous ces héros qui abreuvent notre quotidien et nous font rêver de reconversion professionnelle (lire par exemple notre portrait d'une ancienne ingénieure devenue vigneronne). Il faut aussi savoir que le métier de viticulteur peut être dur, surtout quand le ciel vous tombe sur la tête… Mais le gaulois ne flanche pas !

Printemps : la végétation et les marchés prennent les commandes !

Après la dormance de l’hiver, se réveillent la vigne et les terrasses des restaurants. C’est à ce moment que le vigneron, qui achève le rythme cadré de la taille, se retrouve dans un marathon jusqu’à fin juillet. Et cette année, le printemps ne nous a pas gâté avec des pressions économiques et climatiques accumulées, sans précédent.

Les petits domaines sur tous les fronts

Pour les domaines de moyenne à grande taille, il y a généralement une voire plusieurs personnes dédiées à la vente, et d’autres tournées vers la vigne. Si vous avez un petit domaine, vous devez vous partager entre la vigne et le chai, les ventes et la comptabilité. Ces petits domaines doivent donc avoir dans leur équipe restreinte, de véritables couteaux suisses prêts à braver le climat économique et météorologique.

Si les situations économiques, politiques, et météorologiques sont compliquées en simultané, le management des tâches devient alors un vrai casse-tête chinois pour le vigneron. C’est le cas de l’année 2024.

Le réveil timide des ventes de vin au printemps

Le printemps est une grosse période pour le commerce du vin. Chaque domaine a son point fort : export, cavistes, restaurants, vente directe, super et hypermarchés, foires aux vins. Cette année, il faut batailler pour conserver ses marchés et trouver sa place dans la toile géante des ventes de vin.

Dès que pointent les primevères, les salons dédiés aux particuliers occupent bien les week-ends. Le vigneron part alors seul ou en famille au volant de sa camionnette pour animer son stand. C’est probablement vers eux qu’il faudra se tourner quand les porte-monnaies se videront. A moins que vous ne préfériez acheter en ligne ? Les cavistes et supermarchés ont été un peu chamboulés par la baisse du panier, et se relèvent doucement du post Covid ; Ils peinent à recommander.

C’est aussi le moment pour les ventes des rosés et le coche à ne pas manquer des nombreux restaurateurs qui refont leur carte des vins, généralement au mois de mars. Si votre vin est servi au verre, c’est une chance à ne pas manquer ! Mais le printemps gris a été difficile pour les terrasses, l’inflation et le contexte politique morose n’ont pas non plus précipité les clients à sortir de chez eux. Et quand on sort, pour couper le budget, on consomme moins de vin. Pour le vigneron, il faut alors travailler plus pour gagner moins, et ce n’est pas une parole de syndicaliste !

Le printemps est aussi clef pour l’export dont les marchés sont plutôt résilients. Malgré une baisse en 2023, ce segment n’a jamais été aussi important que ces dernières années. Les vins bios s'exportent de mieux en mieux surtout sur les monopoles, une motivation pour garder le label malgré la pluie. Courage !

Les herbes folles

Ce printemps a été marqué par une pluviométrie excédentaire, ce qui aura le mérite de créer des réserves hydriques pour l’été. On a eu de la chance aussi car le gel a été rare et absent dans les zones à basse altitude, réjouissons-nous ! Cependant, qui dit pluie et douceur, dit aussi herbes à foison et sol meuble entre les rangs de vignes… et embourbage du tracteur.

Tracteur embourbé à Fleurie, à la suite des pluies du printemps
Tracteur embourbé à Fleurie, à la suite des pluies du printemps

Les vignerons en culture biologique, sans surprise, sont ceux qui ont le plus de difficultés à maîtriser l’enherbement de leurs vignes. Sans tracteur capable de passer, sans outil mécanique capable de bêcher, la gestion a souvent dû être manuelle, ne laissant pas un instant de répit à l’homme en lutte contre l’envahissement de ses parcelles.

Le marathon du mildiou

Un printemps humide est aussi facteur de risque pour le mildiou, surtout après un hiver doux qui favorise son apparition. Ce champignon qui prolifère grâce à la pluie, s’est régalé cette saison. Heureusement que les températures sont restées modérées au printemps, permettant parfois de contenir la contamination.

Les effets sont une réduction des rendements sur le millésime mais aussi ceux à venir. On ne connaît pas encore les dégâts à ce stade, mais s’il en est, c’est surtout une pression mentale opérée sur le vigneron qui, avant chaque pluie, doit avoir pris ses dispositions, parfois sans pouvoir faire passer son tracteur !

Une pression mentale intense pour nos vignerons

La tâche est telle sur des millésimes ou tout est délicat, que l’on frise le burn out au travail. Des domaines engagés en bio rebroussent parfois de chemin. Ils sont épuisés de travailler si dur pour gagner trop peu et ont du mal à répercuter le prix du travail sur le prix du vin.

Ce vigneron tente de sortir son tracteur de la terre à Fleurie
Ce vigneron tente de sortir son tracteur de la terre à Fleurie

En passant plus de temps à la vigne, les domaines ont parfois délaissé leurs marchés avec des conséquences économiques perceptibles, dures à encaisser.

Sans cesse sur le pont, il n’y a pas eu de repos ce printemps pour nos vignerons fatigués physiquement et mentalement. On espère un été reposant plein de soleil pour un millésime exceptionnel ! Souhaitons que les hommes et les femmes de la vigne puissent partir en vacances quelques jours avant le bal des vendanges, qu’on aimerait belles et abondantes. Bel été à tous, santé !

Crédits photos : Miss Vicky Wine


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