
Alexandre Dumas père, le vin dans son grand dictionnaire de cuisine

S’il est surtout connu pour avoir écrit “Les Trois Mousquetaires” ou bien “le Comte de Monte-Cristo”, tous deux adaptés au cinéma de nombreuses fois, Alexandre Dumas père est un gourmet bon vivant qui apprécie la bonne cuisine. Il laissera une trace littéraire de cette passion pour la dégustation qu’elle soit de plats exotiques, de recettes traditionnelles ou des vins qui les accompagnent. Découvrons ensemble l’histoire d’un incroyable dictionnaire, ultime ouvrage du célèbre écrivain.
Un peu d'Histoire
Fils d’un noble normand et d’une esclave d’origine africaine, métis aux cheveux crépus, Alexandre Dumas avait un physique imposant et le visage rond du bon vivant qui démontraient sans aucun doute son amour de la gastronomie et des belles tablées.
Grand voyageur, il profite de chaque pays visité pour y découvrir la cuisine et y noter les spécificités de chaque culture. La cuisson, les mets, les us et coutumes autour de la table, Alexandre Dumas se délecte autant des plats que des histoires qui créent les recettes ancestrales et traditionnelles.
A la fin de sa vie, l’illustre auteur se réfugie en Bretagne pour rédiger le manuscrit du Grand Dictionnaire de Cuisine. Alexandre Dumas est malade et rend ses écrits à son éditeur quelques mois avant de décéder. J’ai de par le monde, trois ou quatre grands cuisiniers de mes amis, que je ménage pour collaborer dans un grand ouvrage sur la cuisine, lequel ouvrage sera l’oreiller de ma vieillesse.
L’édition de cette œuvre posthume est alors confiée à Charles Leconte de Lisle (poète, successeur de Victor Hugo à l’Académie française) et au jeune Anatole France. On fait appel à la réputation du cuisinier Villemot pour distiller des conseils techniques et l’ouvrage paraitra en 1873, soit 3 ans après la mort de Dumas.
Un livre généreux tout autour de la gastronomie
Avec ce livre conséquent, c’est toute la vie d’Alexandre Dumas qui est compilé autour d’une de ses grandes passions : la gastronomie.
Anecdotes, souvenirs de voyages, histoires, traités, recettes et fables y décrivent une cuisine vive et joyeuse. Avec plus de 3 000 recettes, cet ouvrage rassemble non seulement les plus grands secrets de cuisine de l’écrivain mais aussi les moments les plus importants de sa vie. Selon les éditions, le Grand Dictionnaire porte son nom avec fierté, comprenant entre 600 et 1 200 pages comme autant de textes littéraires qui témoignent de la cuisine du 19ème siècle classée de A à Z avec par exemple des recettes d’asperges. Mais ne soyez pas surpris d’y découvrir des mets plus exotiques et curieux comme la cuisson du pied d’éléphant ou une soupe de queue de kangourou…
Les vins selon Alexandre Dumas
Dumas fait de la cuisine une discipline artistique au même titre que l’écriture. Cuisinier lui-même et formidable conteur il n’oublie pas de mentionner le vin qui tient une part importante de ce dictionnaire. Il évoque notamment l’arrivée des vins de Bordeaux à la Cour de Louis XV. Monsieur le gouverneur de Septimanie, d’Aquitaine et de Novempopulanie, parlez-moi d’une chose : est-ce qu’on récolte du vin potable en Bordelais ?
– Sire, il y a des crus de ce pays-là dont le vin n’est pas mauvais.
– Mais qu’est-ce à dire ?
– Il y a ce qu’ils appellent du blanc de Sauternes, qui ne vaut pas celui de Montrachet, ni ceux des petits coteaux bourguignons, à beaucoup près, mais qui n’est pourtant pas de la petite bière ; il y a aussi un certain vin de Graves qui sent la pierre à fusil comme une vieille carabine, et qui ressemble au vin de la Moselle, mais il se garde mieux. Ils ont en outre dans le Médoc du côté du Bazadais deux ou trois espèces de vins rouges, dont les gens de Bordeaux font des gasconnades à mourir de rire. Ce serait la meilleure boisson de la terre et du nectar pour la table des dieux, à les entendre, et ce n’est pourtant pas là du vin de haute Bourgogne, ou du vin du Rhône, assurément ! Ce n’est pas bien généreux ni bien vigoureux, mais il y a du bouquet pas mal, et puis je ne sais quelle sorte de mordant sombre et sournois qui n’est pas désagréable. Du reste on en pourrait boire autant qu’on voudrait, il endort son monde, et puis voilà tout. C’est là ce que j’y trouve de mieux.
A la lettre C, il ne peut éviter le mot Cave
et donne ses conseils : Une cave soigneusement organisée doit être à la fois sèche et fraîche, l'air ne doit y pénétrer que par de faibles issues, le soleil, dont les rayons méritent notre hommage au dehors, le soleil, qui a d'abord été adoré par les peuples comme le dieu de l'univers parce qu'il faisait naître et mûrir tous les dons de la nature, est funeste pour la cave
.
Il liste également les vins indispensables pour celui qui souhaite constituer une bonne cave et précise que pour lui : Le vin est la partie intellectuelle d'un repas. Les viandes et les légumes n'en sont que la partie matérielle
.
Si aujourd’hui Alexandre Dumas père est surtout célèbre pour ses romans, nous espérons vous avoir donné envie de découvrir l’auteur gastronome en tant qu’écrivain d’un des plus grands livres culinaires de la littérature française !
Pour en savoir plus sur notre thématique Les écrivains et le vin
, n’hésitez pas à consulter nos articles évoquant Colette et son amour des vins de Bourgogne ou bien celui à propos de Montesquieu, le vigneron philosophe.
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