
A Collioure, le changement c’est maintenant

Comment s’adapter aux challenges du changement climatique ? C’est la grande question que se posent les acteurs de la filière viticole ces dernières années. A Collioure, un vaste plan de restructuration du vignoble a été imaginé pour en assurer l’avenir et garantir son bien-être à l’horizon 2050.

Repenser le vignoble
Premier objectif, une relocalisation des parcelles, certaines zones peinant désormais à produire à cause de l’évolution du climat. Sur ces terres entre mer et reliefs montagneux subsistent des difficultés liées à la contrainte hydrique qui ne cessent de s’accroître, un phénomène qui devrait aller en s’aggravant.
Il devenait donc crucial de trouver une solution pour préserver le profil de ces vins caractérisés avant tout par leur fraîcheur. Ce sont près de 200 hectares, sur les 1200 que compte l’AOP, qui devraient être déplacés.

Et cela passe forcément par une connaissance approfondie du terroir. Pour ce projet ambitieux lancé par l’appellation en début d’année, elle a fait appel à 2 cabinets d’expertise bourguignons en charge de cartographier cette mosaïque de micro terroirs. Ici, la diversité est aussi impressionnante du point de vue géologique que climatique. Collioure, Banyuls, Port-Vendres et Cerbère, les 4 communes qui composent cette appellation singulière, vont donc être équipées de capteurs pour accumuler des données essentielles, des variations thermiques aux expositions solaires.
Et le salut semblerait venir de l’altitude. Les vins blancs prennent de l’ampleur de manière générale et particulièrement à Collioure, où ils arrivent à allier à merveille vivacité et minéralité. On note donc une intention d’aller au-dessus des 450 mètres imposés par le cahier des charges et de jouer avec les expositions pour voir s’épanouir les cépages blancs qui pourraient bientôt détrôner le roi Grenache Noir. Quand les embruns apportent de la salinité, les sols de schistes dans lesquels ils plongent leurs racines leur offrent une superbe complexité. Résultat, des cuvées à l’élégance rare et à la palette aromatique marquée par de délicates notes florales.

S’ouvrir à la modernité
Mais le changement climatique n’est pas la seule problématique à gérer pour faire briller plus intensément les vins de la région. Parmi les singularités qui peuvent représenter un frein au rayonnement du territoire, on peut aussi citer les règles d’urbanisme. En effet, celles-ci empêchent actuellement la création de caves dans l’aire d’appellation. En dehors des obstacles déjà vécus par beaucoup de vignerons qui parcourent du chemin pour vinifier leur récolte, cela empêche de nouveaux producteurs de s’installer et donc le vignoble de se développer.
Un vignoble qui, de plus, est extrêmement difficile à travailler. Fait de terrasses pour pallier aux pentes abruptes, il nécessite un coût de main d’œuvre conséquent, la plupart des ceps étant maniés à la main. Pourtant, sa notoriété discrète ne lui permet pas d’afficher des prix en accord avec les coûts de production. Cette restructuration pourrait donc aider à constituer des parcelles plus accessibles et capables d’accueillir des machines.
Des vignes pare-feu
La lutte contre les incendies est également au cœur du dispositif, de nombreux endroits ayant été ravagés du fait de vignobles à l’abandon. Car des vignes bien entretenues ont un effet coupe-feu non négligeable et servent de point d’appui aux pompiers. Elles n’en sortent pas toujours indemnes, notamment à cause des radiations thermiques et de l’exposition aux cendres et fumées, mais restreignent sans aucun doute la propagation des incendies. L’idée serait donc d’identifier les secteurs à enjeux et d’y maintenir ou implanter des vignes. Ces dernières pourraient avoir une vocation viticole ou non. Dans ce cas, on parle de vignes ornementales.

Ce plan de relance ambitieux, en plus d’anticiper l’impact du changement climatique, promet de faire rayonner l’appellation et de préserver ses richesses.
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